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-6- Estourmel
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1°) Localisation géographique
Le village d’Estourmel est situé à environ 8 km du centre de Cambrai et à 700m de la départementale D643. (Encore appelée « Route du Cateau »).
Source : Géoportail de l’I.G.N.
2°) Bréve présentation
Il s’agit d’un village de moins de 500 habitants surtout connu dans le Cambrésis pour son parc animalier (maintenant fermé) de 6 ha qui accueillait plus de 200 animaux de 36 espèces différentes, la plupart étant en semi liberté. C’était un parc familial dans lequel les enfants pouvaient approcher les animaux de la ferme comme les mini-chèvres mais aussi des ratons-laveurs qui n’hésitaient pas la tendre la main (la patte) certes pour de la nourriture mais qui donnaient l’impression assez troublante de serrer la main d’un jeune enfant.
Les parents qui pique-niquaient pouvaient laisser sans problèmes leurs enfants à la plaine de jeux tout cela dans une ambiance bon-enfant.
Les automobilistes de la route du Cateau avaient même la surprise de découvrir des lamas à quelques centaines de mètres de la route ce qui avait pour avantage de les faire ralentir.
Mais nous verrons plus loin que le marquisat d’Estourmel, possédé depuis 1024 par les seigneurs nommés Creton (qui prirent indifféremment le nom de Creton ou celui d’Estourmel), a vu naitre une lignée dont la plus célèbre descendante n’est pas moins que la reine actuelle d’Angleterre Élisabeth II. Nous parlerons surtout de Reimbold Creton l’immortel chevalier de la première croisade.
Notons que le village, d’après les archives, a porté plusieurs noms : Stormel, Sturmel, Strommel , Estourmelle….et en latin Strumella.
Ci-dessous une carte de l’État major de 1866 sur laquelle apparaissent (en bas à gauche) les dépendances d’une ferme Creton.
3°)Découverte du village
Un panneau au cœur du village attire l’attention du promeneur, suivons cette incitation à la découverte.
L’église Saint Vulgan (1866)
Autel d’une chapelle absidiaire de l’église surmonté de la statue de Saint Vulgan ermite en Nord Pas-de-Calais (VIIème siècle),
Anglais de naissance, il est envoyé (par le ciel !) en Gaule dans la région de Wissant. Il évangélise la région de Boulogne et de Thérouanne.
Source
http://lalumierededieu.eklablog.com/saint-vulgan-ermite-dans-le-pas-de-calais-7eme-s-p239032
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Ci-dessous une vue de l’église et de la chapelle Bricout prise depuis la rue de l’église. L’architecture néogothique de cette dernière semble être une réplique miniature de la Sainte Chapelle de Paris.
A noter que l’église St Vulgan est l’exacte réplique de celle de Proville (près de Cambrai)
L’église et la chapelle Bricout (1850)
L’église a été édifiée par l’architecte André de Baralle pour Mme Léocadie Bricout en souvenir de son fils Casimir, elle fût bénite le 8 Août 1865 par l’Archevêque de Cambrai Monseigneur François Régnier.
Vue de la chapelle Bricout.
L’ange annonciateur du jugement dernier (assimilé à l’Archange Gabriel) domine le cimetière paroissial depuis l’abside de la chapelle Bricout
Dans le plus pur style néo-gothique la chapelle est décorée de gargouilles d’un bestiaire qui rappelle celui de la cathédrale de Laon.
La butte féodale (voir plus loin § 6)
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4°) L’ héroïque histoire de l’ immortel Reimbold Creton (d’Estourmel)
-Avant propos situant la mentalité et les croyances de l’époque (XIème siècle)
L’an 1000 de la chrétienté avec ses craintes et ses superstitions est à peine passé, et l’inculture des gens de l’époque font que la France campagnarde ignore souvent qu’un millénaire, (nombre supérieur aux dix doigts des mains), s’est déroulé depuis la mort du Christ.
Les seigneurs n’ont de loisirs que dans des conflits de voisinage ou à la conquête de nouvelles terres. On guerroie dans toute l’Europe. Cependant ceux ci commencent à établir quelques règles et quelques codes qui amorcent la naissance de la chevalerie. (On ne tue plus les femmes, les enfants ni les représentants du culte.)
-Un tournant dans l’histoire de la chrétienté (l’Europe médiévale).
Un événement arrive bien à propos pour canaliser et unifier les ardeurs des chevaliers, c’est la délégation qu’envoie l’empereur Byzantin Alexis Commène auprès du pape Urbain II lors du concile de Clermont (Clermont Ferrant).
Le 27 Novembre 1095 lors de ce concile le pape lance un appel solennel à la Chrétienté pour délivrer les lieux saints et d’aller au secours des chrétiens d’Orient.
Quelle était la situation ?
Depuis 638, année de la prise de Jérusalem par les musulmans, les pèlerinages continuaient comme si de rien n’était. Jérusalem accueillait tous les pèlerins quelle que soit leur religion. En effet ceux-ci assuraient des revenus importants aux orientaux et ces derniers les protégeaient. Sous le règne des califes abbassides de Bagdad, des monastères relais se multiplient sur les routes des pèlerins pour apporter aide et secours à ceux-ci.
Que s’était-il donc passé ?.
En fait à Jérusalem, le Saint-Sépulcre, l’endroit supposé où le Christ aurait été inhumé après sa crucifixion avait été détruit en 1009 sur ordre du sultan fatimide d’Égypte El-Hakim, dans un accès de fanatisme.
Plus gravement encore, la Palestine avait été occupée en 1071 par les Turcs Seldjoukides, lesquels empêchaient depuis lors les pèlerins d’aller faire leurs dévotions à Jérusalem.
De son côté, l’empereur chrétien de Byzance bien qu’en froid avec le pape, attendait une aide militaire urgente pour résister à la pression turque.
C’était pour les chrétiens d’Occident autant de raisons de prendre la route de Jérusalem. Sans oublier les promesses des prédicateurs qui faisaient miroiter des territoires à conquérir, l’enrichissement des cupides, la rémission des péchés et des crimes à tout conquérant de Jérusalem, sans oublier la vie éternelle aux guerriers morts en combattant les païens ou les infidèles. Sans oublier non plus les jolies Égyptiennes qui les attendaient à bras ouverts. Certains étaient même convaincus de retrouver les juifs qui avaient condamné le Christ à mort. C’est ainsi que certains égarés, , se livrent à des massacres de juifs en Rhénanie, malgré l’opposition des évêques. Ils commettent des pillages jusqu’en Hongrie, où une partie d’entre eux sont massacrés par les seigneurs locaux. C’est le début de l’antijudaïsme en Occident après plusieurs siècles de coexistence relativement pacifique entre juifs et chrétiens..
Ces harangueurs, dont le plus connu est le fanatique Pierre l’Ermite, arrivent à entrainer dans leur sillage 15000 pèlerins qui se réunissent à Cologne. C’est de là qu’ils partent le 12 avril 1096 sans attendre l’appui des chevaliers.
Les troupes de Pierre l’Ermite, arrivent plus ou moins sans encombre à Constantinople le 1er août 1096, bien avant que les guerriers d’occident aient eux-mêmes quitté leur lieu de rassemblement.
Désobéissant à leurs chefs, les croisés se remettent en route, traversent le Bosphore, s’aventurent jusqu’à Nicée, provoquent les Turcs et se font massacrer. Les survivants arrivent à regagner Constantinople et se joindront plus tard, avec Pierre l’Ermite (survivant), à l’armée de Godefroy de Bouillon.
C’est la fin de ce que l’on appelle la croisade « des pauvres » ou encore « des fous de Dieu ».
Source Wikimédia:
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:PeoplesCrusadeMassacre.jpg
Première croisade à laquelle participe et se distingue Reimbold Creton d’Estourmel
Les guerriers, quant à eux, prennent le temps de se préparer. Ils se rassemblent au Puy et attendent le 15 août 1096 pour se mettre en route selon les instructions du pape. (Près de trois ans s’écouleront avant qu’ils atteignent leur but, la libération de Jérusalem et du tombeau du Christ). Résumons-en les grandes lignes.
L’expédition comprend quatre armées.
- Les Francs du nord se placent sous le commandement d’Hugues de Vermandois.
- Les chevaliers des régions du Rhin et de la Meuse, au nombre de 10.000, sont dirigés par le comte Baudouin de Flandre et son frère, le duc Godefroi de Bouillon.
- Les Francs du midi suivent le comte de Toulouse, Raimon IV de Saint-Gilles.
- D’Italie méridionale part une armée commandée par Bohémond de Tarente
Les trois armées de croisés Francs comptent au total 150 000 personnes. Elles se rejoignent à Constantinople et traversent le détroit du Bosphore. Avec leurs puissantes machines de siège, elles s’emparent de Nicée.
Elles sont rejointes par la quatrième armée, venue d’Italie méridionale, et poursuivent leur route sur un sol escarpé et sous un climat torride. Bohémond de Tarente met le siège devant la ville d’Antioche, au nord de la Syrie, et s’en empare.
Venons-en à l’aventure héroïque, selon les considérations de l’époque, de Reimbold d’Estourmel au siège d’Antioche.
Les chrétiens venaient de livrer la fameuse bataille du pont d’Antioche ou Reimbold d’ Estourmel avait signalé sa bravoure à coté de Godefroi de Bouillon et d’Enguerrand de Saint-Pol ; Ils mettaient tous leurs soins à ne laisser échapper aucun des Sarrasins cherchant son salut dans les eaux du fleuve Oronte qui baigne les murailles de la ville.
De ces fuyards, plus de 200 (500 suivant une autre version) se réfugient sans armes dans une espèce de retranchement qui se trouvait sous les arches du pont. Les Francs les voient avec dépit s’échapper de la sorte à leur poursuite.
Boëmond stimule en vain l’ardeur des chevaliers qui l’environnent ; mais aucun n’ose affronter le danger de traverser un fleuve rapide et profond, sous une grêle de traits (flèches) qui l’assaillirait du haut des remparts.
L’intrépide Reimbold Creton, chevalier de petite taille, mais d’une grande force et d’un courage indomptable, ne peut supporter la honte des reproches que Boëmond adresse aux croisés. En un clin d’œil, il saute en bas de son coursier, il se débarrasse de son heaume, ne conserve que son haubert, sa lance et son épée, et se jette à la nage dans l’Oronte. Il traverse le fleuve avec intrépidité et gagne le pont du coté opposé à celui où les turcs se reposent pleins de sécurité sous leur afeutrement (Pièce rembourrée dont on se garnissait le dos. Harnachement. Vieux Français)
Il gravit sans crainte leurs retranchements, les attaque à l’improviste, les effraie par sa hardiesse, et seul, de sa lance qui est bientôt brisée, puis ensuite de son épée, il en massacre la moitié, tandis que les autres n’échappent à ses coups que pour aller périr dans les eaux du fleuve.
Cependant les cris des mourants attirent l’attention des assiégés : du haut des murs d’Antioche ils aperçoivent Reimbold qui retourne à la nage vers les siens, et font pleuvoir sur lui une grêle de traits (Flèches). Son haubert en est brisé ; il a déjà reçu plus de quinze blessures d’où son sang coule en abondance.
Notre héros commence à perdre ses forces, sous les nouveaux traits qui l’accablent ; son épuisement l’oblige à ralentir sa course, malgré les acclamations de vingt mille croisés qui l’encouragent de l’autre coté du fleuve et d’où l’évêque du Puy lui donne sa bénédiction solennelle : enfin il succombe et il disparait au fond du fleuve. C’est alors un cri d’effroi général du coté des Francs qui invoquent hautement en sa faveur le Saint Sépulcre et le secours du ciel.
Mais tout-à-coup Reimbold Creton se trouve miraculeusement débarrassé des armes pesantes qui le retenaient au fond de l’Oronte et reparaît au-dessus de l’eau.
Un grand nombre d’écuyers volent aussitôt à son secours, le ramènent sur le rivage, et de là dans la tente même de Godefroy de Bouillon, où, par les soins d’habiles médecins, il ne tarde pas à obtenir la guérison de ses blessures et en état de marcher à de nouveaux exploits.
Siège d’Antioche
Bohémond de Tarente renonce à rendre Antioche aux Byzantins et la garde pour lui, en se proclamant prince d’Antioche. C’est le début de la mésentente entre les chrétiens d’Occident et les Byzantins.
Au terme de ces épreuves, les croisés sont à bout : longues marches sous la chaleur, maladies et manque de nourriture, sièges épuisants, combats frontaux contre les cavaliers turcs…
Un très grand nombre d’entre eux sont morts en chemin et chez les survivants, la lassitude le dispute à la foi..
La prise de Jérusalem
Raimon de Saint-Gilles surmonte le premier la griserie du pouvoir. Après quelques mois d’hésitation, il reprend sa marche vers Jérusalem en suivant la corniche libanaise. Il est bientôt rejoint par Godefroi de Bouillon.
Les rivalités entre musulmans vont servir les croisés. Profitant des désordres du moment, les musulmans fatimides d’Égypte ont enlevé en 1098 la Palestine au calife de Bagdad.
Quand, un an plus tard, Raimon de Saint-Gilles et Godefroi de Bouillon arrivent au pied des murailles de Jérusalem, ils ont en face d’eux une ville en état de choc, avec des défenses affaiblies par un premier assaut. Après un siège de plusieurs semaines, ils arrivent à bout de la garnison égyptienne et pénètrent dans la ville. Enfreignant les ordres de leur chef, les croisés massacrent les habitants qui s’étaient réfugiés dans les mosquées.
Quant à Reimbold Creton d’ Estourmel : Non seulement il est à Jérusalem lors de sa conquête, mais encore il s’en distingue entre tous les autres chevaliers. Le 15 juillet 1099 à l’heure de nones (neuvième heure du jour, moment auquel il est récité par les moines ou chrétiens laïcs pratiquants. Il est donc habituellement chanté ou dit vers 15 heures. Il commémore l’instant où le Christ est mort sur la Croix). Cet héroïque soldat de la croix est le premier à monter à l’assaut et à s’établir sur la crête des murailles, il repousse l’ennemi avec intrépidité et pénètre dans la ville Sainte.
Dés lors il prit comme cri de guerre « Estourmel ! » et pour devise « Vaillant sur la crête ».
Voir illustration ci-dessous : Reimbold Creton d’ Estourmel jaillissant de la tour d’ assaut entre le premier dans les fortifications de Jérusalem.
Lorsqu’il fût couronné roi de Jérusalem, Godefroi de Bouillon, pour reconnaître et immortaliser la valeur avec laquelle il l’avait vu affronter sans crainte les traits de l’ennemi et monter le premier sur la crête du mur de la ville, lui fit présent d’un éclat de la vraie Croix enchâssé dans un reliquaire d’argent crételé.
Reimbold Creton, comme les autres croisés, contempla avec transport et vénéra avec piété tous les lieux sanctifiés par la présence et par la mort du Dieu Sauveur. Mais il ne voulut pas s’en éloigner tant que son épée pouvait encore servir à les défendre et à les protéger.
Godefroi de Bouillon l’employa avec succès dans le cours de la guerre qu’il eut à soutenir contre les Sarrasins, et lui confia principalement la défense d’un retranchement qu’il fit élever à Antioche.
Quand Godefroi de Bouillon fût solidement établi sur son trône, que la croisade eut atteint le but fixé par le pape, Reimbold Creton revint en Cambrésis vers l’an 1100 dans son château d’Estourmel.
Il y passa une année à peine à se reposer des fatigues et des souffrances de la croisade. Son ardeur guerrière et chevaleresque le faisait soupirer sans cesse vers de nouvelles aventures et de nouveaux exploits. Il trouva bientôt l’ occasion de suivre son inclination belliqueuse.
Il apprend, en 1101, que Louis, régent du royaume de France, en l’absence du Roi Philippe, son père, se dispose à mettre le siège devant le château de Montmorency. Il va sans retard offrir ses services à Louis-le-Gros ; Comme à Jérusalem il étonne les assiégés par sa hardiesse et son courage mais il succomba sous le nombre et trouva une mort glorieuse dans les rangs ennemis où l’ avait emporté son ardeur.
Avec la prise de Jérusalem, la croisade a atteint le but fixé par Urbain II, non sans d’immenses souffrances. Sur environ 150 000 croisés, combattants et non-combattants, moins d’un dixième sont arrivés au terme du voyage. Et ils ne sont pas au bout de leurs difficultés.
Mais c’est une autre histoire !
5°) Les gisants d’ Estourmel dans l’ église St Vulgan
En fait il ne s’agit pas des gisants de Reimbold Creton d’ Estourmel (l’immortel) et de son épouse, mais des gisants de Gilles d’Estourmel, décédé 19 juillet 1522 et d’Elayne de Noyelles son épouse, décédée le 17 octobre 1518. (Près de quatre siècles séparent Reimbold d’Estourmel de Gilles d’Estourmel)
Ce tombeau fût soustrait au vandalisme de la révolution par les soins du marquis Louis d’Estourmel qui le cacha dans une pièce d’eau adjacente au château de Suzanne (Somme).
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Ci-dessous des lithographies des gisants qui se trouvaient dans le château de Suzanne (Somme).
Source Bibliothèque d’ Abbeville http://www1.arkhenum.fr/bm_abbeville_macqueron/_app/visualisation.php?id=1507
->à gauche Gisant de Gilles d’ Estourmel et d’Helayne de Noyelles provenant du château de Suzanne et offert au village d’Estourmel par Mme Elysabeth Terré-d’ Estourmel.
->à droite Gisant de Pierre d’Estourmel et de sa fille Adrienne provenant également du château de Suzane et se trouvant au musée de St Quentin (Aisne) dans un premier temps puis dans la basilique en 1977 Le musée a déposé l’œuvre à la basilique en 1977.(Troisième chapelle nord du déambulatoire Saint Louis)
Voir photo ci dessous des gisants de Pierre d’Estourmel et de sa fille dans la Basilique de St Quentin.
À noter qu’il existe une incertitude quant à l’identité du personnage féminin.(fille et/ou épouse ?).
Petite remarque : En observant le gisant de Gilles d’ Estourmel se trouvant dans l’église St Vulgan, je ne retrouve pas à coté de sa tête le Casque empanachée de la lithographie ci-dessus. D’autre part l’expression des visages est bien différente, sans oublier la forme des mentons pointus pour la lithographie et carrés sur ma photo prise dans l’église. S’agirait-il d’erreurs de représentations dues au graveur de la lithographie ? Ou alors, c’est peu probable, d’une erreur d’identification de la dalle funéraire ?.
En effet ce dernier monument, qui provient de Suzanne dans la Somme, est presque identique à celui originaire de Vendhuile* et laisse soupçonner que les deux œuvres ont été commandées au même atelier, ou que le monument de Suzanne a servi de modèle pour celui de Vendhuile.
*(Une branche de la famille d’Estourmel possédait, dès l’an 1307, la seigneurie de Vendhuile,)
Anecdote « people » :
Yves Lecoquierre-Duboys de La Vigerie dit Yves Lecoq, imitateur, fut propriétaire du château de la famille d’Estournel à Suzanne dans les années 1980.
https://www.flickr.com/photos/33852840@N06/5741621517/
6°) la butte féodale
Il s’agit des vestiges du château de l’héroïque Reimbold Creton que l’on considère comme étant à la tête de cette illustre Maison.
7° les d’Estourmel à Estourmel
-On découvre dans le sas de l’église une gravure qui nous indique qu’un autre Gilles Creton d’ Estourmel s’est sans doute distingué lors des croisades et repose dans l’église. La croix pâtée rouge semble indiquer qu’il était un membre des « pauvres chevaliers du Christ » autrement dit un Templier. (Ordre fondé le 23 janvier 1120 lors du concile de Naplouse et dont la première mission était la protection des pèlerins).
-En cliquant sur le lien ci-dessous vous découvrirez la généalogie des Estourmel (21 pages)
http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Estourmel.pdf
-À l’entrée de l’église vous pouvez trouver un flyer qui résume les exploits de Raimbold Creton d’ Estourmel avec au verso une généalogie de nombreux souverains Européens dont les ancêtres sont Gilles d’ Estourmel et son épouse Hélene de Noyelles.
-En septembre 2016 lors des journées européennes du patrimoine
La fille du dernier marquis d’Estourmel, Elizabeth Terré-d’Estourmel n’est pas venue les mains vides : un reliquaire contenant un morceau de la croix du Christ l’accompagnait.
Il sera en exposition dans l’église (sous bonne garde, cela va sans dire. « C’est Godefroy de Bouillon qui l’a offerte à Reimbold Creton parce que ce dernier était le premier à franchir le mur de Jérusalem.
D’après un reportage de Mme Lucie Delorme de « La voix du Nord »
Des frères de la commanderie des templiers Reimbold Creton de Cambrai étaient présents lors de cette présentation. A cette occasion une plaque commémorative rappelant la devise « Creton sur la crête » de Raimbold Creton d’ Estourmel a était posée sur les vestiges de son château.
Adresse Facebook : https://www.facebook.com/cambrai.templier.osmth.nord.
8° Fin de l’article :
Il ne reste plus qu’à vous rendre dans ce village lors d’une promenade dominicaine. Il y a encore des prises de vue à y faire, par exemple l’autel dont le soubassement représente la cène.
Bonne lecture, et bravo pour votre patience, vous avez tout lu jusqu’au bout de ce très (trop) long article !
Petit remarque les photos personnelles sont sous licence Creative Commons
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C’est-à-dire que vous pouvez les copier sous réserve qu’elles ne le soient pas pour un usage commercial, que vous citiez la source et rappeliez les termes de la licence.
9° les sources pour la rédaction de cet article
-La noblesse de France aux croisades :Books.Coogle
-Reimbold Creton au siège de Jérusalem voir page 172 du livre ci dessus.
-Les antiquitez, histoires et choses plus remarquables de la ville d’ Amiens.
- Pierre l’ermite sur Wikipedia.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_l%27Ermite
-Site officiel de la commune d’Estourmel
En page d’accueil : une vue aérienne de ce village avec une mise en évidence de son église et de la chapelle Bricout.
http://www.estourmel.fr/index.php
-L’Histoire des croisades : Site Herodote.net
https://www.herodote.net/De_l_appel_de_Clermont_au_depart_des_croises_1095_1096_-synthese-82-144.php
Et
https://www.herodote.net/histoire/synthese.php?ID=83&ID_dossier=144
-1096-1099 Succès de la première croisade
https://www.herodote.net/1096_1099-synthese-83.php
-Notice historique sur le château de Suzanne. Maison et Marquisat d’Estourmel
-5-La Flamengrie
Commentaires » 4LA FLAMENGRIE
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1°) Localisation Géographique
La Flamengrie, village d’environ 400 habitants se trouve à 20 km à l’Est de Valenciennes et à 6 km à l’ouest de Bavay. Il possède la singularité d’être quasiment enclavé en territoire Belge.
Parler de La Flamengrie, enclave Française en territoire Belge, c’est surtout et avant tout parler de son histoire qui est indissociable du tracé de la frontière Franco-belge.
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2°) Un peu d’histoire
(D’après des extraits du livret de MM. Debrabant et Renteux « La Flamengrie : Village marqué par la frontière »)
Déjà le nom de « La Flamengrie » en lui même fait immanquablement penser à Flamand.
En fait cette partie de territoire aurait été peuplée vers la fin du XIème siècle par une colonie Flamande. Époque où les comtés de Flandre et de Hainaut étaient réunis.
Le village a porté plusieurs noms depuis cette époque mais ils désignaient sous différentes orthographes le lieu d’habitation de Flamands.
Quelques dates
-Le 10 Août 1678 le traité de Nimègue (Pays-Bas) est signé, Après avoir conquis les Pays-Bas espagnols Louis XIV souhaitait faire la paix avec Guillaume III d’Orange. Des villes occupées par les Français comme Maastricht sont rendues au prince d’Orange. Quelques places-fortes Charleroi, Ath, Courtrai…sont rendues à l’Espagne par contre de nombreuses places-fortes flamandes sont cédées à la France : Valenciennes, Cambrai, Maubeuge, Bouchain, Condé sur Escaut, Bavay…Places-fortes du futur pré-carré de Vauban.
Conséquence de ce traité ; Le Hainaut est coupé en deux, La Flamengrie est rattachée à la France. Roisin, village voisin qui appartenait à la prévôté de Mons reste espagnol. Mais la paix de Nimègue ne dure pas longtemps, la guerre revient en 1690.
Suivent les mauvaises récoltes, les contributions écrasantes, les razzias des voleurs, les meurtres.
-En 1702 lors de la guerre de succession d’Espagne le Bavaisis subit le harcèlement des Hollandais qui exigent le versement de contributions sous peine de destructions, de pillages, d’enlèvements.
-En 1709 ce sont les troupes qui manœuvrent qui mettent la contrée à mal. La chapelle de la cense de la commanderie des templiers (Ordre de Malte) est pillée. Le 11 septembre c’est la bataille de Malplaquet.
-en 1713 le traité d’Utrecht amène une paix durable, La Flamengrie reste Française malgré les fluctuations ultérieures de la Frontière.
La France hérite d’un nouveau voisin : l’Autriche.
La Flamengrie devient alors village frontalier avec l’empire des Habsbourg. Commence alors l’épisode mouvementé du tracé de la frontière.
Ci dessous la carte actuelle du village qui met en évidence sa position enclavée en territoire Belge.
La Chaussée antique (dite Brunehaut) en cailloutis reliant Bavay à Tournai (Belgique) est peu à peu délaissée au « profit » de la nouvelle route Bavay-Valenciennes (Atlas de 1746) située au sud de La Flamengrie, (donc en France) reliant stratégiquement les places fortes de Maubeuge et de Valenciennes. Elle est une des premières routes pavées de la région.
Avant le XVIIIème siècle pour aller de Bavay (France) à Sebourg (France) il fallait prendre la chaussée Brunehaut en propriété conjointe avec l’Autriche, ré-entrer en France peu après le carrefour du « Callotin », reprendre la chaussée Brunehaut mitoyenne avec l’Autriche. Entrer en territoire Autrichien jusqu’au village de Bry situé en France et enfin atteindre Sebourg.
-La chaussée « Brunehaut » Bavay-Tournai ne sera plus utilisée pour rejoindre Valenciennes, il fallait en effet à cette époque longer le bois de Roisin, où se cachaient les contrebandiers et les malfaiteurs, et il fallait traverser la frontière à plusieurs reprises.
Les habitants de la Flamengrie emprunteront alors l’autre chaussée « Brunehaut » Bavay-Cambrai qui rejoint à Jenlain la route Le Quesnoy-Valenciennes
Nota : Sur la carte ci-dessus les petits carrés (très petits) représentent les bornes frontières entre la France et la Belgique ( l’Autriche à l’époque)
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3°) Histoire des bornes frontières
Il faudra deux longues années de négociations et de tergiversations dès 1779 pour effectuer les premiers mesurages concernant le bornage de cette frontière entre la France et l’Autriche (aujourd’hui Belgique). En 1781 ce sont 65 bornes numérotées portant d’un coté la fleur de lys représentant les armes de la France et de l’autre l’aigle bicéphale de l’empire Autrichien.
Ce bornage amènera des situations cocasses ; des cultivateurs Belges (Autrichiens) devaient passer en France pour rejoindre leurs terres en Belgique en passant par la Flamengrie et de même et inversement pour des agriculteurs Français.
On cite souvent le fait divers suivant :
Un jour, un fermier a voulu passer la frontière, sans formalités, avec sa citerne remplie de purin. Après maintes discussions avec les douaniers, il a finalement su les convaincre de le laisser passer sous peine de vider le contenu de son chargement nauséabond sur place !
Ci-dessous une vidéo de l’INA qui prête à sourire mais qui illustre bien la situation de la Flamengrie.
-Vidéo INA
Source: http://www.ina.fr/video/CAB99024577
Conséquence de cette frontière, très improbable à surveiller complètement, elle a favorisé la contrebande. La proximité de la Belgique, dont certaines denrées étaient moins taxées qu’en France notamment le tabac, le café, le sucre et l’alcool, occupait de très nombreux agents des douanes qui patrouillaient jour et nuit le long de la frontière. Des manufacturiers de la commune Belge de Roisin fabriquaient des paquets de tabac dits « de Roisin » très recherchés dans les communes du Hainaut Français. Le tabac se disait « Toubac » dans notre région.
Une rue de la Flamengrie rend « hommage » à ce trafic très répandu jusqu’ à une époque récente. (Ouverture des frontières au marché commun).
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4°) Quelques vues des édifices du village
-L’ église Saint-Gilles, Édifiée en 1859 à l’emplacement d’un ancien bâtiment que l’on dit bâti par les templiers.
-La Mairie
Installée depuis 1879 dans les locaux de l’ancienne école. Elle occupe complètement ce bâtiment. Auparavant seul l’étage faisait office de mairie, et on raconte que les réunions du conseil se tenaient dans un estaminet.
La toute première école se trouvait au carrefour du « Calotin » (voir carte plus haut)
-La commanderie des templiers au lieu-dit « le Calotin »
Ce carrefour est assez singulier, il se trouve sur la voie antique dite « Chaussée Brunehaut » qui reliait Bavay à Tournai (Belgique) par Escautpont. C’est à cet endroit dès 1681 que l’ordre des Templiers du Piéton (près de Mons) avait établi une cense importante. Il ne s’agissait pas d’un ordre contemplatif. Leur mission était la protection et l’hébergement des pèlerins qui se rendaient de Bavay à Sebourg sur le tombeau de Saint Druon.
Voir extrait du cadastre ci dessous:
Source : Archives départementales du Nord. Cadastre cote P30/133 La Flamengrie
Cet extrait de plan du cadastre fait l’objet d’une autorisation de parution dans ce blog délivrée par les archives départementales. Reproduction interdite sans leur accord.
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5°) Quelques bornes frontière
Un document « Circuit promenades » édité par l’association E.T.A.P de Roisin présente un plan d’un circuit promenade permettant de découvrir ces bornes frontière mais il est indiqué que certaines sont en domaine public et d’autres en domaine privé. Dans une réédition récente la légende a changé : Les bornes en domaine public sont devenues des bornes existantes par contre celles en domaine privé sont considérées comme bornes disparues (mais leur emplacement est indiqué). Il a été dit, sous couvert, que certaines bornes servaient de montants d’Âtre de cheminée. Mais ce sont des médisances !
En cliquant ici vous ouvrez un site qui répertorie la quasi totalité des bornes.
En entrant dans le village en venant de Valenciennes ou de Bavay au lieu dit « Le Calotin » (voir photo ci-dessous) apparait une borne frontière (borne n°17) et une boite à lettre rouge Belge. De l’autre coté de la Chaussée Brunehaut on aperçoit la chapelle « des 4 chemins », elle est située en territoire Français.
Un peu plus loin, rue de l’église, à une dizaine de mètres, sur le même trottoir une autre borne (borne n°18), souligne la complexité du tracé de cette frontière.
Les bornes portent d’un coté l’aigle à deux têtes Autrichien et de l’autre la fleur de lys de la royauté Française. Sur le dessus un numéro d’ordre est gravé. 1 à 65
Ci-dessous la prise de vue de quelques autres bornes situées en domaine public, que chacun peut retrouver lors d’une promenade.
Parfois la découverte ressemble à un jeu de piste, il faut emprunter le sentier dit « Voit n’y goutte » en marchant sous la frondaison pour découvrir la borne 46, mais ce sentier est un cul-de-sac.
La borne n° 46 ou bout du sentier où on n’y voit goutte, faites un pas de plus et vous entrez en Autriche !
L’imposante ferme ci-dessous se trouve en Belgique au bout du chemin des Rocs.
Elle se trouve bien en ancien territoire Autrichien car la borne ci-dessous N° 42 placée derrière les arbrisseaux du premier plan de la photo précédente l’indique. (C’est une ferme Belge mais on ne peut y accéder que par une voie Française).
En prenant la direction de Roisin vous trouverez la borne 37
Toutes les bornes ne sont pas photographiées ni présentées dans cet article car leur découverte est parfois difficile. Je vous laisse le plaisir de la recherche. Ci-dessous la borne 31
Celle-ci semble avoir été un peu bousculée par un engin agricole désireux de labourer en territoire étranger.
D’autres ont subi quelques dégâts. (Borne 21 de la rue du rivage).
Cette autre borne n°19 de la rue du vieux chemin de Valenciennes est-elle mal placée ?
Où se trouve la frontière ? Entre les deux maisons ? Sur la moitié du trottoir ?
Heureusement que les portes s’ouvrent dans l’autre sens.
Cette dernière photo (j’en ai d’autres) illustre bien les difficultés rencontrées par les géomètres lors du tracé de la frontière et les négociations, tractations, compromis qui ont duré 2 ans.
On comprend mieux ainsi cette particularité de la frontière qui ne pouvait que favoriser la contrebande.
« Sucre, alcool, café et tabac étaient amenés en fraude. Certains contrebandiers utilisaient des caches pour entreposer leurs marchandises et les paysans ne disaient rien, craignant les représailles… D’autres dressaient leurs chiens à passer la frontière avec des corsets rembourrés de tabac ou encore de dentelles. Les meilleurs amis des passeurs devaient alors déjouer les pièges des douaniers et affronter les chiens policiers. Le maire de La Flamengrie reconnaît lui-même avoir été un contrebandier dans sa jeunesse. « On cachait le tabac sous nos casquettes et on se les échangeait parfois pour duper les douaniers », relate Régis Grémont-Naumann. Ironie de l’histoire, la mairie se trouve aujourd’hui dans la rue… des Toubaqueux »
Source :
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6°) Carte avec emplacement des bornes
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7°) L’affaire du 19 Août 1888
En 1888 le général Boulanger cherche à renverser la république, il mène campagne dans plusieurs circonscriptions. Le 19 Août c’est le jour des élections. Grosse surprise, seul le village de la Flamengrie vote à 100 % pour la république. Mais il faut dire que les deux seuls Boulangistes du village ont été enfermés dans une grange.
Une souscription nationale est ouverte par la république et le 02 juillet 1889 une Marianne dorée à l’or fin est offerte à la commune et inaugurée par le préfet de l’époque devant 2000 personnes. .C’est depuis cette époque que les habitants de la Flamengrie portent le nom (le gentilé) de Français et Françaises (unique en France).
Source; Wikimedia commons. Image libre de droits https://commons.wikimedia.org/wiki/File%3ALaFlamengrieStatue1888_200507.jpg
Statue du vote du 19 Août 1888 restaurée en 1982 et en 2005
Hauteur environ 1,80 m
Dorée à la feuille d’or fin.
La statue portait à l’origine un flambeau dans la main droite et un rameau d’olivier dans la main gauche.
-Au début de la première guerre mondiale, fin Août 1914 la statue avait été peinte, démontée et mise à l’abri des Allemands sous un tas de fumier.
-Elle fût restaurée en en 1982 et en 2005
Mais son histoire ne s’arrête pas là car elle fût volée en 2008.
-Ci-dessous Photo prise en 2014 du socle de la statue en pierre bleue de Hon-Hergies (Sans la statue)
Nouvelle statue.
Peu après le vol, la municipalité s’est mis en quête d’une nouvelle statue conforme à l’originale. Après de nombreuses recherches il est apparu que 45 statues identiques avaient été fabriquées et qu’il en restait encore actuellement 15 en état et surtout qu’une réplique exacte se trouvait à Salvagnac dans le Tarn. C’est cette dernière qui servit de modèle à la fabrication de la nouvelle statue. Celle-ci est dorénavant placée sur la place devant la mairie. Elle a été inaugurée le 18 Avril 2015. Mais il lui manque toujours le flambeau et le rameau d’olivier. Ce n’est pas un poing contestataire qu’elle brandit.
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8°) Moneuse le chauffeur du Nord
« Moneuse ! Évocation lugubre d’un nom à jamais abhorré qui glaçait d’effroi les populations terrorisées du Haut-Pays. Sinistre bandit; coquin exécré; infâme détrousseur de voyageurs attardés sur les grand-routes ; pillard éhonté de fermes isolées ; coureur infatigable de jupons troublants ; ivrogne invétéré ; pilier de cabarets ; brute odieuse dont le souvenir nauséabond intoxique encore les mémoires rancunières. Tout le long de la frontière française, de Feignies à Roisin, du nord au sud, de Ville-Pommerœul à Bavay, en passant par Thulin, Erquennes, Dour, Élouges ; de l’est à l’ouest, de Binche à Condé, en Hyon, en passant par Quévy, Nouvelles, Asquillies, Ciply, Moneuse sème une irrésistible terreur derrière lui. »
Le paragraphe ci-dessus est extrait du livre : Moneuse. Un chef de bandits sous le directoire par Albert JOTTRAND du Barreau de Mons.(1932). Lien : http://users.skynet.be/sky71622/Moneuse.html
Ce livre est mis en ligne par la librairie « L’oiseau-Lire » 36 rue du Hautbois. 7000 MONS (Belgique)
En 1796 le bandit Moneuse et sa bande de « chauffeurs » attaque le moulin de Rombies-et- Marchipont de nuit mais se contente d’emporter des victuailles après avoir « chauffé » les pieds de la meunière et menacé les occupants. (Source: Cercle historique et archéologique de Rombies-et-Marchipont).
Mais vous pouvez lire le récit d’un de ses pires méfaits en cliquant ici.
Moneuse fût jugé et condamné à la guillotine sur la place de Mons (Mons faisait partie, à l’époque, du département Français de Jemmapes). Faute de témoins pendant le jugement (chacun craignait des représailles) Moneuse fit appel de sa condamnation et libéré. Mais après d’autres crimes il fût arrêté, jugé et guillotiné sur la place de Douai. Un de ses témoins à charge était notamment le notaire M.L dont il est question dans l’histoire dont je vous conseille la longue lecture ci-dessus.
Pourquoi parler de Moneuse dans cet article sur La Flamengrie ?
C’est que le village est très proche de St Waast-la-Vallée où l’on connait deux refuges de Moneuse.: Chacun devait trembler la nuit l’oreille aux aguets.
-La tour au bois.
-L’auberge devenue le restaurant « Le Moneuse » situé sur la chaussée Brunehaut Bavay-Cambrai à la sortie de Saint-Waast-la-Vallée.
Si vous vous promenez dans les rues de La Flamengrie vous découvrirez des habitations dont les fenêtres sont encore protégées par de lourds barreaux, ceux-ci datent de l’époque où Moneuse terrorisait la région.
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9°) Circuit promenade
Un circuit promenade vous est proposé par le conseil général du département du Nord en cliquant sur le lien ci-dessous :
http://www.cc-paysdemormal.fr/IMG/pdf/circuit_des_bornesn9.pdf
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Fin de l’article
Il est rare qu’un si petit village possède une histoire si complexe, je vous conseille de le visiter. Ne serait-ce que pour jouer au jeu de piste à la recherche des bornes frontière.
Rappel
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Pour les autres photos et illustrations: les sources sont citées
-4-Bruille-Saint-Amand
Commentaires » 4Bruille-Saint-Amand
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Localisation géographique
Bruille-Saint-Amand se trouve à 19km au nord de Valenciennes entre Fresnes-sur-Escaut et Saint-Amand-les-eaux.
Brève présentation
L’agglomération est bordée d’une part par la Chaussée Antique dite « Brunehaut » Bavay-Tournai en limite de la forêt de St Amand-Wallers-Raismes et d’autre part par l’Escaut canalisé.
Elle a été constituée de la réunion de quatre hameaux : Bruille, Hauterive, la prévôté de Notre Dame au Bois et la vicomté de Forest.
Environ 1700 habitants se répartissent entre Notre-Dame-au-Bois où se trouvent les commerces, la Mairie, l’école et Bruille-St-Amand.
Cette agglomération a la particularité de posséder 3 églises, 2 monuments aux morts et 2 bureaux de vote.
Située à peu de distance de la Belgique sur un « couloir » d’invasions. Une frontière mouvante au gré des envahisseurs : Autrichiens, Hennuyers, Espagnols, Flamands, Normands, Français, Allemands etc) l’agglomération lui doit en grande partie cet éparpillement géographique.
Le paragraphe suivant va vous faire découvrir une partie des patrimoines religieux et militaires de l’agglomération à partir d’une carte sur laquelle vous retrouverez des repères numériques rouges sur un cercle jaune vous permettant de localiser les prises de vues.
NB : Une des conséquences de l’éparpillement des Hameaux fait que vous retrouverez le repère 9 sur la carte du début de cet article.
N’hésitez pas à agrandir l’image. Un mode opératoire figure dans la colonne de droite du blog.
Découverte de l’ agglomération.
Repère 1 : La Chapelle Notre Dame de Malaise.
Vous la trouverez rue Henri Durre (Hameau de Notre-Dame au Bois), sa construction date de 1243. Elle est la plus ancienne chapelle mariale au nord de Paris.(on parle d’ apparition mariale lors d’une vision de Marie mère de Jésus).
Quelques vues de la chapelle avant d’en narrer sa fabuleuse histoire.
Portail d’entrée
Vue du cœur de la chapelle avec la statue illuminée de Notre-Dame-de-Malaise
Cependant en entrant, sur votre gauche, vous avez sans doute été surpris par un immense tableau d’ environ 3,5 mètres sur 3 mètres divisé en 11 scènes commentées.
Peinture à l’huile sur toile exécutée en 1376, rénovée en 1650 et dernièrement en 1979.
Il est difficile d’en lire le texte, vous le retrouverez ci-dessous avec quelques photos des 11 compartiments qui racontent l’histoire de l’apparition de Marie et de la construction de la chapelle qui s’en suivit. (Désolé de ne pas placer plus de photos. Faute d’éclairage suffisant les photos ont été prises au flash, certaines d’entre-elles reflétaient uniquement l’éclat du flash, d’autres ont été prises avec un temps d’exposition trop long occasionnant un flou qui n’a rien d’ artistique)
Relevé du texte de chaque compartiment.
-1-En l’an 1243, l’abbé Evrard sommeillant sous un chêne entendit un grand bruit s’éveillant entendit une voix : « Ce lieu est saint. »
-2-Tableau central
La Ste Vierge apparut à l’abbé Evrard et lui ordonna de bâtir une plus ample chapelle. Ces tableaux ont été tirés après ceux faits en l’an 1376. Ensuite renouvelés par l’abbé Magnete en l’an 1650.
-3-L’abbé Evrard vient avec ses religieux servir la Sainte Vierge en ce lieu. Ce tableau a été fait l’an 1722.
-4- Les gens de Valenciennes inspirés de la Sainte-Vierge fournirent de quoi bâtir cette chapelle.
-5- Ensuite des ordres de la Sainte-Vierge, l’abbé fait jeter les fondations d’une plus ample chapelle qui fut achevée en peu de temps.
-6- La chapelle étant achevée, l’illustrissime Assonne, évêque d’Arras vint bénir la chapelle en l’an 1244.
-7- L’abbé Evrard résigne sa crosse. Autorisation du Pape, à son prieur en présence de sa communauté, pour vivre en ce saint lieu.
-8- L’abbé Evrard étant mort, on porte son corps pour l’inhumer à Château l’Abbaye.
-9- Le frère du dit Evrard étant en Turquie sut par la révélation d’un ange la mort de son frère.
-10-Transport du corps d’Evrard par les Anges dans cette chapelle.
-11- Les religieux inquiétés pendant plusieurs nuits, résolurent de déterrer le corps d’Evrard qu’ils ne trouvèrent plus.
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Commentaire personnel.
Les apparitions de la Ste Vierge reconnues officiellement par l’église se comptent au nombre de 16 dans le monde dont 5 en France. L’apparition Mariale à l’abbé Evrard n’en fait pas partie.
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Notre Dame aux bois / Notre Dame de Malaise
En fait avant l’apparition de 1243 existait un oratoire près du ruisseau « la Seuve ». Les habitants y honoraient depuis le XIIème siècle une statue de Notre Dame aux Bois. Ce serait à cet endroit que l’abbé Evrard s’endormit.
La chapelle d’Evrard accueillit dès la fin de sa construction au lieu-dit le Malaise une statue en bois de la Vierge à l’enfant ayant seule échappé aux flammes qui détruisaient Condé-sur-l’ Escaut.
La chapelle devint Chapelle de Notre-Dame-de-Malaise.
Ci-dessous la statue en chêne de Notre-Dame-de-Malaise
D’où provient le nom de Notre Dame de Malaise ?
Une des explications viendrait du fait que la chapelle ait été construite près des « Bois de Malaises » appartenant vers 1216 au Châtelain de Mortagne.
Une autre explication voudrait que malaise signifie cachot où le condamné ne pouvait ni s’allonger ni se lever. Sa seule bonne conduite lui permettant de se dégourdir dans la chapelle et de conserver un espoir de survivre.
Encore aujourd’hui Notre Dame de Malaise est l’objet d’une grande dévotion. Tous les ans, le 15 Août un pèlerinage et une procession jusqu’à l’église Notre-Dame (rep 2) s’y déroulent. Régulièrement des fidèles viennent prier pour la guérison de maladies. Il faut dire que l’histoire raconte quelques guérisons miraculeuses.
-Guérison en 1732 du capitaine Adolphe de Mutzen en garnison à Condé d’un asthme chronique.
-Vers le milieu du XVII ème siècle le fils du comte Duchatel de Houarderie tombe malade, Les médecins déclarent qu’il va succomber. La comtesse invoque Marie, qui lui apparait « Quelqu’un en votre nom doit visiter le sanctuaire de Notre Dame au bois ». Le Comte se précipite, se prosterne devant Notre Dame de Malaise. De retour au château il trouve son enfant en parfaite santé.
Le pèlerinage depuis Valenciennes :
Extrait du « Précis historique et statistique sur la ville de Valenciennes » De Joseph Desfontaines de Preux 1825 . Page 60
Source Google Books : Lien Cliquez ici
« Les Filles de St Dominique connues sous la dénomination des Dames de Beaumont honoraient Notre Dame de Malaise au Bois une compagnie bourgeoise connue sous le nom de Bigornieux avait pris cette Vierge pour sa patronne elle allait chaque année à Notre Dame au Bois village distant de Valenciennes d’ environ trois lieues tambour battant enseignes déployées elle en revenait de même avec le simulacre de la Sainte Vierge que les confrères reportaient avec les mêmes honneurs après la procession du 8 septembre L’uniforme de cette confrérie était habit vert parements et revers blancs veste et culotte blanches ».
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Commentaires personnels:
-La vision Mariale de l’abbé Evrard n’est peut-être qu’une énième tentative de Christianisation de notre région longtemps réfractaire à cette nouvelle religion venue avec les envahisseurs Romains. Nos ancêtres de Gaule Belgique descendants des celtes ont longtemps continué à vénérer les menhirs et dolmens (environ 50000 en Europe)
« Visibles de loin, ils constituent enfin des symboles pour les communautés paysannes qui les ont érigés. Les menhirs isolés sont peut-être des idoles de pierre, à l’image d’une divinité (ou d’un chef vénéré comme un dieu après sa mort). Les cromlechs et les alignements sont orientés par rapport aux astres et forment des sanctuaires. Ils sont probablement dédiés au culte solaire ». Source: cliquez ici
-l’église a publié lors d’un des conciles de Carthage, celui de l’an 401, un décret ordonnant la destruction des simulacres des faux dieux.
« Décret 15e : Il est ordonné que l’ on demandera aux empereurs la destruction de tous les restes d idolâtrie qui pourraient encore subsister des bois sacrés et simulacres des faux dieux. »
Source ; Dictionnaire universel des conciles par Par Adolphe-Charles Peltier en 1847 Google Books
-Déjà en 364-367 l’empereur Romain Valentinien, fervent promoteur du Christianisme, faisait raser le temple de Valenciennes et détruire toutes les statues des anciens cultes païens. Il faut dire que les Gallo-Romains à cette époque avaient fait leurs les dieux romains tant ils ressemblaient aux leurs.
Mars dieu de la guerre pour les Romains avait son équivalent Gaulois Teutatis dieu des guerriers.
Jupiter dieu du ciel chez les Romains avait son équivalent gaulois Taranis dieu du ciel et du feu.
Diane déesse chasseresse avait son équivalente gauloise Epona déesse cavalière. etc
Les menhirs, dolmens…ont subi pour la plupart le même sort, certains ont été renversés, d’autres christianisés, d’autres encore transformés en pavés.
-Coïncidence remarquable un dolmen ou un menhir aujourd’hui disparu se trouvait le long de l’Escaut près de Vieux Condé, non loin d’Odomez. Voir carte ci-dessous dressée en 1928 par M Léon Desailly Archéologue, publiée dans le bulletin de la société préhistorique de France.
M. Desailly dans son bulletin « Les mégalithes de l’Escaut entre Valenciennes et Tournai » écrit
« Un lieudit du territoire de Vieux Condé s’appelle encore : La couture de la grosse pierre. Cette couture longe l’Escaut. Mais ce qu’il y a de plus curieux et de fort intéressant c’est que le chemin qui conduit à cette couture et par conséquent au mégalithe disparu s’appelle encore chemin des amoureux. Or dans l’Ouest de la France, où existent encore de nombreux mégalithes, les fiancés, les jeunes mariés, vont encore de nos jours se frotter contre ces monuments, qu’ils considèrent comme fécondants. Donc à Vieux Condé on trouve une double raison pour admettre l’existence d’un monument mégalithique à proximité de l’Escaut. Voici donc l’Escaut jalonné sur son parcours par cinq mégalithes. Nul doute qu’il devait jadis s’en trouver beaucoup d’autres…..Les mégalithes devaient êtres pour nos ancêtres préhistoriques des édifices de culte du même genre que nos églises actuelles »fin de citation. Source : Site Persée (cliquez ici),
Les monolithes sont d’origine Néolithique comme le sont les chaussées dites Brunehaut. (Autre bulletin de M. Desailly). Ils s’y trouvent généralement à peu de distance.
Que conclure de cette parenthèse sur les menhirs et leur culte associé qui n’a rien de « catholique » ? L’abbé Evrard aurait-il rêvé d’une solution pour remettre ses ouailles dans le droit chemin ? Aurait-il appliqué avec zèle les décrets pontificaux ?
Indirectement il a réussi grâce à la statue de Notre-Dame-de Malaise à tel point que la chapelle devenue église paroissiale est devenue trop petite pour les paroissiens d’Odomez et ceux de Notre Dame au bois, il fallut construire une autre église : L’église Notre-Dame repère 2 de la carte à quelques centaines de mètres de la Chapelle.
Fin des commentaires personnels.
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Avant de clore cet aparté sur les monolithes Celtes. Regardez cette photo c’est celle d’un Restaurant-bar situé à Odomez sur la D954 qui traverse Bruille. La tradition orale aurait-elle gardé le souvenir du Dolmen disparu ?
Repère 2 : L’église Notre-Dame
L’idée de construire cette église afin d’accueillir les paroissiens qui ne trouvaient plus assez de place dans la chapelle Notre-Dame-de-Malaise, date du milieu du XIX ème siècle. Elle fut consacrée en 1878.
Repère 3 : La chapelle ou Oratoire St Roch
Cette chapelle consacrée à St Roch se trouve rue Berthelot, elle est située près d’une source.
L’école qui jouxte le petit square de la chapelle porte le nom d’école de la source.
Ci-dessous : La source (un panneau avertit qu’elle n’est pas potable bien que des marches soient aménagées pour y accéder).
Un regret :si vous regardez à travers le grillage à fines mailles de la porte de la chapelle, vous apercevrez une statue de St Roch , mais en fait il ne s’agit que d’une photo couleur d’une statue du Saint équipé de sa tenue de pèlerin, bâton, gourde, coquilles St Jacques sur la cape. Il montre, comme il se doit, la guérison de sa cuisse atteinte de la peste. Son chien qui l’a nourrit pendant sa maladie (que l’on retrouve toujours sur les statues du Saint) est remplacé sur la photo par un chien en peluche ! (Le cliché que j’en ai pris ne figurera pas dans cet article.)
Repère 4 : La ferme Lemer
En empruntant la rue Berthelot sans tourner vers la rue du Dr Roux vous arrivez en vue d’un imposant corps de ferme avec cour centrale. C’est la ferme dite « Lemer » du nom de son ancien propriétaire. Sa construction date du XVIIIéme siècle, elle vient d’être réhabilitée en nombreux logements.
Repères 5 et 6 : Le Château Forest
Il ne reste rien ou si peu du château féodal de la vicomté de Forest. Par contre un Châtelet et ses dépendances ont été construits en 1908 sur ce qui ressemble à deux ilots.
Les fossés qui entourent le château sont alimentés par la fontaine de l’Horbe. (Voir plus loin rep 7). Ci-dessous vue du pont et du portique d’entrée de la demeure.(repère 6)
Source Forum CPArama
À l’arrière du châtelet on retrouve une des 12 casemates implantées sur le territoire de la commune construites à la hâte dès 1937, à peine terminées en 1940 pour contrecarrer toute invasion.(repère 5).
Pour en savoir plus sur la ligne Maginot cliquez ici
Repère 7 : La fontaine de l’ horbe.
La fontaine se trouve au bout de la rue de l’Horbe. Elle collecte les eaux qui alimentent les fossés du Château Forest. Sa construction a été maintenue en bon état, un escalier permet d’y accéder.
Repère 8 : Mémorial du 43ème Régiment d’infanterie
Lire sur le site internet de la Mairie d’Odomez, en cliquant ici , le récit de l’enfer subit par les soldats du 43ème régiment d’infanterie lors de la bataille de l’Escaut.
La photo ci-dessous représente la casemate adossée à l’ancien moulin à vent.
Le mémorial sur le parvis duquel figure le nom des 231 victimes.
Repère 9 : L’église St Maurice
Cette église se trouve excentrée à la sortie de Bruille St Amand. Elle se situe quasiment sur le territoire de la commune de Château l’Abbaye.
La statue équestre datée de 1676 en pierre polychrome de St Maurice est classée aux Monuments Historiques au titre d’objet depuis le 19/12/1977.
Lire la légende de l’exécution des légionnaires de la légion Thébaine commandée par St Maurice qui avait refusé de massacrer les chrétiens de la région d’Agaune. Cliquez ici (source Wikipédia)
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Fin de l’article.
Ces quelques photos, anecdotes, légendes devraient vous inciter à découvrir ce village du Hainaut si proche de Valenciennes mais que certains ne connaissent pas.
À bientôt pour la découverte d’autres villages du Hainaut.
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Sources utilisées :
-Site internet de la mairie de Bruille St Amand Cliquez ici
-Site internet de la mairie d’ Odomez Cliquez ici
-Les sanctuaires de la mère de dieu dans les arrondissements de Cambrai, Valenciennes et Avesnes par Alexis Possoz 1848 (Google Books cliquez ici)
- Les mégalithes de l’Escaut entre Valenciennes et Tournai de L. Desailly source site Persée Cliquez ici
-Dictionnaire universel des conciles par Adolphe-Charles Peltier en 1847 Google Books. Cliquez ici
- Précis historique et statistique sur la ville de Valenciennes » De Joseph Desfontaines de Preux 1825. Page 60 Source Google Books : Cliquez ici.
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LICENCE CC-BY-NC-SA
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Pour les autres photos et illustrations: les sources sont citées.
-3-VIESLY
Commentaires » 2Article mis à jour le 10/12/2014
1°) Localisation Géographique
Viesly se trouve à environ 18 km à l’Est de Cambrai. C’est avec ses 120m (au pied de la chapelle) un des points culminants de la région.
2°) Brève histoire de Viesly
-Toponymie : Le nom de Viesly n’apparaîtrait qu’au Xème siècle. Viesly s’écrivant autrefois Vieslies. Contraction de vies: Vieux et du celtique ly signifiant champ. Mais on peut retenir également leys nom saxon signifiant pâturage. La toponymie du village proche : Neuvilly s’expliquerait de la même façon : Nouveau pâturage.
-Époque préhistorique :
L’occupation préhistorique du site a été révélée par la découverte de nombreux silex et haches polies. MM. Lombois et Chiris écrivaient en 1927 qu’un Dolmen se trouvait au lieu-dit « Mourmont »
« Au début du XIXe siècle la carrière de sable n’existait pas ; à son emplacement on remarquait un dolmen, une sépulture préhistorique dont le souvenir paraît conservé par le mot « Mourmont » mortuo- rum mons, le mont des morts. »
Source: Lombois , Chiris . Les stations préhistoriques des environs de Solesmes (Nord). In: Bulletin de la Société préhistorique de France. 1927, tome 24, N. 3. pp. 81-84.
-Début de notre ère : La bataille de la Sabis.
Jules César en 57 avant JC entreprend la conquête de notre région qu’il appellera par la suite « Gaule Belgique » alors occupée par différents peuples d’origine Celtique. Des objets celtes ont été retrouvés à Viesly au lieu dit «les Etombeaux» dans les années 1840.
Dans « la guerre des Gaulles » César décrit la bataille de la Sabis au cours de laquelle ses légions ont failli être défaites. L’Histoire en aurait été changée et l’issue d’Alésia également. Beaucoup d’historiens et de non historiens localisent la bataille de la Sabis , pour les uns sur la Sambre, d’ autres sur l’ Escaut (Scaldis en latin) près de Vaucelles et beaucoup d’autres sur la Selle.(chacun considérant son village comme celui où se sont déroulés ces événements).
Cependant dans les années 1949-1950 un Vieslysien , Paul Mériaux a rédigé , en se référant aux travaux du Dr Bombart (membre de la commission historique du Nord), une histoire très documentée « Viesly notre Village » dans un livret d’une centaine de page dans lequel il émet l’hypothèse, avec de sérieux arguments topographiques, que la bataille de la Sabis s’est déroulée entre Viesly et Briastre au sud de Solesmes.
-Ci-dessous un résumé inspiré du chapitre « La bataille de la Selle » de M. Paul Mériaux.(1910-1975).
57 avant JC, Jules césar vient de conquérir facilement Amiens (Samarobriva) . Il se dirige vers Bavay (Bagacum). Emprunte-t-il la voie antique Amiens-Cambrai-Bavay qui deviendra par la suite une des 7 voies Romaines que l’on dénommera bien plus tard « Chaussée Brunehaut » ? C’est la voie la plus courte.
Ses légions viennent de marcher pendant 3 jours. Il apprend de prisonniers que les Gaulois rassemblent 60.000 Nerviens, 15.000 Atrébates, 25.000 Morins et 9.000 Ménapiens et qu’ils campent sur la rive droite de la Sabis à deux lieues de ses légions.
Dans ses « commentaires sur la guerre des gaulles » César fournit des descriptions détaillées du terrain qui correspondent par sa configuration au lieu de la terrible bataille. Des noms de lieux-dits très évocateurs subsistent à notre époque ils sont par delà les siècles un témoignage de la violence du conflit.
La Sabis (La selle) était à cette époque une rivière de plusieurs dizaines de mètre de large et serpentait entre deux collines entre Solesmes et Briastre.
Revenons aux prémices de cette bataille :
Les Gaulois (Atrébates, Ménapiens, Morins, ….) sont dissimulés sur les hauteurs du lieu-dit « Camp Dolent ». Sur l’autre rive, sur la colline du lieu-dit « Mourmont », les romains travaillent au retranchement de leur camp. César place ses légions jusqu’au lieu dit « Les Etombaux ».(au sud du Viesly actuel). Les armées se trouvent donc face à face séparées par la Selle.
La bataille
César décide « d’inquiéter » la cavalerie ennemie en faisant traverser la Selle par la sienne. Tout à coup, les Nerviens cachés dans le bois débouchent sur la cavalerie Romaine, l’oblige à retraverser la Selle et la poursuit jusqu’au cœur des légions Romaines. Le combat est partout engagé alors que la plupart des Romains n’a ni casque, ni arme, ni bouclier. César ne trouve le moment de donner un ordre ni de prendre la moindre disposition. Par contre sur sa gauche deux légions repoussent les Atrébates au-delà de la rivière. Au centre deux autres légions ont le même avantage contre les Viromandues. Les Nerviens pendant ce temps continuent l’attaque du camp de César. Chacun est obligé de combattre où il se trouve sans pouvoir deviner même ce qu’il se passe près de lui.
Les centurions d’une cohorte sont morts ou hors de combat, l’enseigne est perdue, le désordre est à son comble, les soldats découragés sortent de la mêlée, les troupes auxiliaires (Auxilia) et leur cavalerie crient à la défaite de l’armée Romaine et s’enfuient.
Le combat en est là quand César se ressaisit, arrache le bouclier d’un simple soldat, se porte à la tête des siens et les ranime de la voix. La présence du général ramène alors l’ordre, rapproche deux légions et met en état de soutenir encore quelque temps les efforts de l’ennemi. La dixième légion et les deux légions laissées à la garde des bagages volent au secours du général et la fortune changea de coté. Les Nerviens très belliqueux s’acharnèrent dans un excès de courage et furent presque entièrement anéantis. Des 60.000 combattants Nerviens, à peine 500 en survivront.
-Arguments qui militent en faveur de l’hypothèse qui considère que la bataille de la Sabis s’est déroulée sur les rives de la Selle entre Viesly et Briastre.
On retrouve sur les cartes du cadastre ou de l’ IGN les lieux-dits suivants :
-La vallée du rouge, c’est l’endroit du déroulement de la bataille et tient son nom du sang qui y a coulé en abondance.
-La colline du Mourmont qui signifie Mont des morts
-Les Etombeaux : C’est à cet endroit que se trouvaient les tombeaux des Nerviens. (Des fouilles de 1833 à 1843 ont révélé de nombreux objets Celtes).
La carte ci-dessous localise la Selle, le Mourmont, la Vallée du Rouge sur le territoire de la commune de Viesly.
Sur la place de Bavay, face à la colonne de la reine Brunehaut, une épitaphe rappelle cette bataille.
En l’an 57 avant Jésus-Christ le peuple Nervien sous la conduite de son chef Boduognat avec l’aide de ses alliés Atrébates et Viromandues fit balancer un instant la fortune de César.
3°) l’église Saint Martin
-Sa construction date de 1765. Elle est un des rares témoins de l’architecture religieuse du XVIIIème siècle dans notre région. Elle a la particularité d’avoir une tour carrée avec des angles arrondis. L’ensemble est remarquable par sa polychromie : alternance de briques rouges et de grès reposants sur une embase en pierre bleue.
-En entrant, sur la gauche, on découvre un retable en pierre datant de 1401.
-Ci après le vitrail de Saint Martin (les vitraux de l’église datent de 1925).
Saint Piat (Saint Python) prêcha la foi catholique chez les Nerviens à la fin du IIIème siècle et mourut en martyr. C’est au IVème siècle que Saint Martin évangélisa la région.
-La chaire en chêne sculpté mérite quelques commentaires :
Tout d’abord il faut préciser que celle-ci provient de l’ église Notre-Dame-la-Grande de Valenciennes détruite à la révolution. Source « La voix du Nord » du 27/08/2016 Cliquez ici
Traditionnellement, elle est « du côté de l’évangile » (donc à gauche pour l’observateur qui entre dans une église).
La « cuve » à prêcher (endroit où se tient le prêtre sous l’abat-voix) est décorée de trois des quatre panneaux du tétramorphe et d’un panneau représentant le Christ prêchant.
Le tétramorphe représente les quatre animaux ailés tirant le char de la vision d’Ézéchiel (Ez 1 ; 1-14). Leur origine remonte à la nuit des temps et on les retrouve dans diverses civilisations de l’Antiquité avant de les retrouver dans la Bible avec Ezechiel d’abord puis avec saint Jean dans l’Apocalypse (Apoc 4; 7-8). Plus tard, les Pères de l’Église en ont fait l’emblème des quatre Évangélistes : le lion pour Marc, le taureau pour Luc, l’homme pour Matthieu et l’aigle pour Jean. Ils accompagnent souvent les représentations du Christ en majesté. Source Wikipédia
Marc est représenté ou accompagné d’un Lion.( le lion est le symbole du cœur et des passions)
Luc est représenté ou accompagné d’un Taureau. (le taureau est le symbole du corps et des forces de l’homme)
Matthieu est représenté ou accompagné d’un ange ailé représentant l’Homme.( l’homme est le symbole de l’esprit, et des pensées)
Jean est représenté ou accompagné d’ un aigle.( l’aigle est le symbole de l’âme)
Ci-dessous deux des panneaux (voir les autres lors d’une visite)
-Marc et son emblème le lion.
-Jean et son emblème l’aigle.
4°) La chapelle N.D. du Salut
Date de construction 1730, rénovée en 1817 (d’après des écrits retrouvés lors de la restauration de 2009). Auparavant ses murs étaient blanchis et sa base goudronnée pour lutter contre l’humidité. Elle se trouve au point culminant de Viesly.
A une époque on pouvait y apercevoir au loin, par beau temps, les rougeoiements des Hauts-Fourneaux de Denain et les terrils des mines. (à environ 20km).
Chapelle avant sa restauration de 2009
La chapelle se trouve au centre de la patte d’oie constituée de deux anciennes voies conduisant à Cambrai.
La voie de Gauche dénommée « chemin de Cambrai » est un ancien chemin de Compostelle. Il était considéré semble t’il au XVIII ème siècle comme étant la voie du Salut. Ce chemin passe par Bevillers , village dans lequel les chevaliers Hospitaliers possédaient des biens.
La voie de droite vers Quièvy d’après les mêmes sources.( un article de la voix du Nord) était considérée comme la voie du protestantisme. Pourtant sur des anciennes cartes d’état major on remarque que ce chemin conduisait au lieu-dit « La Maladrerie » de Quièvy.
Or il faut se rappeler que les maladreries étaient les seuls havres du moyen-âge où on y soignait les pèlerins ayant contracté des maladies de retour de leurs pèlerinages vers les lieux saints. Était-ce une façon d’éloigner les non-pèlerins de cet établissement. ? . Les chevaliers du Temple (Templiers) chargés de la sécurité des pèlerins possédaient également des biens à Quièvy.
La représentation d’une coquille St Jacques au dessus de la porte confirme bien qu’un chemin de Compostelle passait à cet endroit.
Peut-être aviez vous remarqué que les tympans des deux portes de sortie de l’église St Martin étaient ornés de la même représentation de la coquille Saint Jacques ?. L’exhortation placée au dessus de celles-ci est sans ambiguïté .
« STA VIATORE ET ORA » Arrête toi voyageur et prie.
5°) La tour
Cette tour ronde en briques et grès est la seule qui subsiste de l’enclos paroissial.
Un panneau d’information posé sur la tour par la CCPS (Communauté de communes du Pays Solesmois) en précise l’histoire.
Vous trouverez des panneaux d’information similaires aux endroits remarquables de Viesly : l’ église, la Chapelle… et dans les communes du Solesmois
à voir également: Patrimoine de la commune de Viesly en cliquant ci-contre: site de la Mairie .
6°) Un peu de nostalgie
L’ancienne gare : Les plus âgés se souviennent de la ligne de chemin de fer à voie étroite en provenance de Quièvy qui longeait le terrain de foot, passait devant son entrée pour rejoindre Solesmes. La locomotive dans un nuage de vapeur prenait son élan pour gravir la légère pente de la gare. C’était dans les années 1950.
On retrouve sur la carte ci-dessous de la McMaster University Hamilton, Ontario datée de 1918 le tracé (en rouge) de la voie ferrée.
La carte ci dessus est publiée sous licence Créative Commons (CC BY-NC 2.5 CA)
Ci dessous deux vues de la gare de Viesly (avant et après la guerre 1914/1918)
7°) Petite énigme pour les futés
Question : Quel le blason de Viesly ?
-Sur les plaques de rues le blason de Viesly est celui du village de Gonnelieu.
-Dans le transept de l’église, c’est le même mais les couleurs sont inversées.
Réponse : Le blason de Viesly « D’or à bande de sable » est bien celui de Gonnelieu . En effet jusqu’à la fin du XIVème Viesly était un apanage de la maison de Gonnelieu , le village en a gardé le blason.
Le blason peint sur le pilier à gauche de l’autel Saint-Martin proviendrait d’une erreur lors de reconstruction de l’église.
8°) Proposition de promenade
Article « La voix du Nord »: De Briastre à Viesly aller et retour par le Mourmont. Cliquez ci dessous:
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Fin de l’article.
Le but de cet article n’était pas de raconter l’histoire complète de Viesly ,mais de vous inciter à la promenade et de découvrir un des villages du Hainaut à l’aide de quelques photos , légendes et anecdotes.
Site de la mairie de Viesly Cliquez ici
à bientôt
NB1: Toutes les photos peuvent être agrandies sur votre écran en suivant le mode opératoire décrit dans la colonne de droite.
NB2: Vous êtes contre l’hypothèse qui dit que la bataille de la Sabis s’est déroulée entre Solesmes et Briastre. Cliquez ici (Blog d’ André Bigotte.)
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Pour les autres photos et illustrations: les sources sont citées.
-2-Vendegies-sur-Ecaillon
Commentaires » 1Localisation géographique
Source : carte du Géoportail de l’I.G.N.
Vendegies sur Ecaillon se trouve à une dizaine de km au sud de Valenciennes, elle est traversée par la départementale D958 (RN 358 déclassée en 1970) reliant Valenciennes à Solesmes. C’est le point de départ de la D114 reliant Vendegies à Cambrai. Cette départementale est en fait une portion de la chaussée dite Brunehaut reliant Bavay à Cambrai .
Un peu d’Histoire
La présence d’un menhir et d’une chaussée antique dite Brunehaut accrédite l’ancienneté de la commune avant les premiers siècles de notre ère. Le nom viendrait de « Duo Flumina » (deux fleuves), la commune se trouve en effet à la confluence de deux rivières L’Ecaillon et Les Harpies. En 1153 le nom serait devenu Vendeleice par contre le nom actuel daterait du début du XIIIème siècle.
Édifices remarquables , curiosités, légendes.
1°) L’église Saint Saulve.
Il ne reste que la tour carrée du clocher datant de 1631 de l’église d’origine. L’église actuelle de style néogothique date de 1862.
L’ intérieur à été magnifiquement restauré entre 2004 et 2008.
L’architecture de son fronton est surprenante car elle ressemble étrangement à celle de l’église St Martin de la ville de Saint Saulve (Banlieue Nord de Valenciennes).
Voir la juxtaposition des deux photos ci dessous:
À Gauche L’église Saint Saulve de Vendegies , à droite l’église St Martin de la ville de Saint Saulve. En fait les constructions ont été confiées au même architecte Valenciennois M. Dutouquet (1862 pour Vendegies et entre 1863 et 1865 pour l’église St Martin).
Un buste de St Saulve se trouve comme il se doit, en tant que Saint Patron, au dessus de l’autel secondaire de droite de l’église de Vendegies.
2°) Histoire (ou légende) du martyre de Saint Saulve.
Tout d’abord précisons qu’il existe plusieurs St. Saulve en France. Les plus connus sont :
-Saint Saulve d’ Amiens qui fonda un monastère à Montreuil sur mer. Mort en 615 , ses restes et de ceux de son compagnon Ingaud y furent translatés en 1111. Une église porte son nom à Montreuil sur mer.
-Saint Saulve d’ Albi
-Saint Saulve de Valenciennes (ville de Saint Saulve). Le résumé de la légende ci-dessous a pour source le site officiel de la ville de Saint Saulve.
Un jour de 741 Salvius ,ou Sauve ou Saulve, évêque itinérant venu d’ Auvergne vint dans le Hainaut prêcher la pénitence et annoncer le royaume des cieux. Il est reçu avec son diacre par le procureur du fisc de Valenciennes.
Winegard le fils de ce dernier est pris de convoitise par les ornements et vases sacrés de l’évêque. Le lendemain alors qu’il se rendait en direction de Condé sur l’Escaut Saulve et son disciple sont arrêtés, dépouillés et jetés en prison.
Ne sachant que faire des prisonniers et sur les conseils de son père, Winegard donne l’ordre de la décapitation à la hache de l’évêque et de son disciple. Les deux corps sont enterrés dans une étable de Beuvrages occupée par un taureau de grandeur extraordinaire qui garde place nette la fosse où reposent les deux corps.
Une nuit, une voisine aperçoit venant de l’étable une grande clarté qui provient des cornes du taureau. Le roi Charles (Charles Martel ?) mène une enquête sur le meurtre et la sépulture, les coupables sont confondus ils seront châtrés et leurs yeux arrachés. Le serviteur en tant que simple exécutant n’aura que les yeux arrachés.
Après avoir été embaumés les corps sont posés sur un char pour être menés à l’église St Waast de Valenciennes mais les bœufs, comme bloqués, ne peuvent avancer. Un second essai est tenté vers l’église Ste Pharaïlde mais il est infructueux, puis les bœufs se dirigent à toute allure vers la basilique Saint Martin de l’agglomération de Brena*. qui deviendra par la suite le village de Saint-Saulve.
*Brena est le nom que donnait le chroniqueur Jacques de Guise à cette agglomération au Nord de Valenciennes qu’il pensait avoir été fondée par le guerrier Celte Brennus.
Hubert Cailleau, enlumineur Valenciennois du recueil des antiquités de Valenciennes (Louis de La Fontaine) a illustré la passion de Saint Saulve.
En arrière-plan l’enterrement dans l’étable de Beuvrages.
Source : Bibliothèque de Douai Cliquez ici.Illustration de la base Enluminures réutilisée en accord avec la Bibliothèque de Douai. Reproduction interdite sans son autorisation.
On retrouve dans l’église St Martin de la ville de Saint Saulve ce buste du Saint avec la Hache qui l’a décapité et le taureau qui a révélé sa tombe.
3°) La brasserie Bisiau Rombaut de Vendegies.
Non loin de l’église, en remontant la route de Valenciennes au n°50, un imposant corps de ferme datant de 1778 a été reconverti vers 1893 en brasserie-malterie.
On peut remarquer, en façade, la fenêtre en chêne sculptée dont l’imposte représente Saint Eloi qui a donné son nom à la bière brassée à cet endroit.
Par le porche d’entrée on aperçoit un très ancien colombier datant de 1778 quand l’opulence et la richesse d’une ferme se jugeaient à la taille de celui-ci.
La brasserie a cessé son activité en 1939.
4°) Le menhir dit « Grés Monfort » ou « gros Caillou »
Dans les années 1960 un panneau indiquait la direction d’un dolmen, à l’heure actuelle c’est la direction d’un menhir qui pique la curiosité des promeneurs.
Dolmen ou Menhir qu’en est-il exactement ?.
Tout d’abord il est nécessaire de préciser qu’il s’agit bien d’un monolithe en grès landénien dont l’édification remonte au néolithique soit environ 6000 ans avant JC.
En 1922 M. Desailly de la société préhistorique de France écrivait que les fouilles du Dr Bompart révélaient que l’énorme bloc était appuyé sur 3 piliers en blocage de grès. C’était donc bien un Dolmen et non pas une pierre quelconque provenant de la carrière toute proche.
En 1913 M.Henaut conservateur de la bibliothèque de Valenciennes avait même pris une photo de la pierre avant son redressement.
Quelques années plus tard, en 1917 pendant l’occupation allemande du village une compagnie relève la pierre pour en faire un Menhir. Le Dolmen de M. Bompart est (re)devenu un menhir.
M.Desailly en 1922 insiste sur le fait qu’il s’agit bien d’un menhir et non pas d’un Dolmen car les fouilles allemandes n’ont relevé ni calage ni pilier, le grès Montfort reposait simplement sur le sol.
Le 18 Mars 1980 le « Gros caillou » fut classé comme menhir parmi les monuments historiques par arrêté des affaires culturelles.
Ci-dessous le menhir qui domine la vallée de l’ Ecaillon.
Le menhir de Vendegies est également source de légendes et de traditions. C’est grâce à celles-ci qu’il n’a pas été taillé en dalles et pavés. Il se trouvait cependant à proximité d’une carrière de grès et d’une cinquantaine d’autres pierres identiques, mais ces dernières par contre ont été débitées en pavés vers 1800.
Pourquoi est-il resté en place ?
Tout d’abord il faut préciser que le menhir se trouve à moins de 1200m de la voie antique Bavay-Cambrai-Amiens que l’on nomme Chaussée Brunehaut.
M. Desailly en 1921 dans sa communication à la société archéologique Française balaie toutes les légendes au sujet des chaussées qui partent en étoile depuis Bavay vers des villes importantes comme Amiens, Boulogne, Gand, Cologne, Trèves…
Une de ces légendes que l’on aime bien raconter est celle de la reine Brunehaut attachée à la queue de son cheval emballé qui aurait ainsi tracé toutes ces voies. Une colonne surmontée de la statue de la reine Brunehaut est même érigée au centre de Bavay d’où partaient les 7 chaussées dites Brunehaut.
Illustration de la mort de la reine Brunehaut dans l’imagerie populaire.
Source : cliquez ici :By Cyberlbx ; engraver G. Perrichon [Public domain], via Wikimedia Commons.
M.Desailly écrit : « les chaussées (brunehaut) ne sont-elles pas d’origine préhistorique ? ».
Certes ces voies ont été dallées, pavées, entretenues par les romains mais ce ne sont pas eux qui les ont tracées. Elles seraient des voies de communication reliant des lieux de culte éloignés vers le centre d’un culte stellaire : Bavay.
M. Desailly remarque que ces chaussées sont jalonnées de monuments mégalithiques, Dolmens, menhirs, allées couvertes …Il est donc logique de leur supposer une origine commune. Les chaussées dateraient donc du Néolithique.
Où se trouvent donc ces pierres ?. En fait beaucoup ont été détruites depuis la christianisation de la Gaule car elles étaient le symbole d’un culte païen. Mais alors pourquoi en reste t’il quelques unes, notamment le Grès Monfort à Vendegies et les pierres jumelles de Cambrai sur cette même chaussée Brunehaut ?. (D’autres pierres subsistent à proximité des autres chaussées).
Ces monuments mégalithiques sont restés en place à cause des légendes, croyances, superstitions qui ont perdurées au cours des siècles.
.
5°) les légendes et histoires.
Tout d’abord on note sur une des faces du Menhir l’existence d’une empreinte pédiforme (en forme de pied), qui est en fait une cupule. S’agissait’ il d’une trace divine ou d’une trace du pied du malin, nos anciens, dans le doute, ont préféré ne pas toucher à ce menhir.
Une tentative de Christianisation semble même avoir été effectuée à son sommet.
-Dans les années 1870 On a essayé de déplacer la pierre pour en faire un soubassement de calvaire, 20 chevaux ont été attelés à un énorme chariot, mais on ne put la déplacer.
- Les traditions font respecter ce menhir depuis des siècles (peut-être des millénaires), on dit même que l’on raconte aux enfants que c’est sous le gros Caillou que les mamans viennent chercher les bébés. La légende dit aussi que l’on y entend les enfants pleurer.
Collez-y votre oreille si vous visitez Vendegies. !
6°) La Chaussée « Brunehaut » et le site d’ Hermoniacum
Les romains construisaient le long de ces voies antiques qu’ils s’étaient appropriés et qu’ils entretenaient des relais pour leurs armées. Plusieurs historiens localisent un de ces relais au lieu dit « Clair ménage » déformation de « herménage » dans le bas de Vendegies entre l’ Ecaillon et les Harpies le long de la chaussée Brunehaut.
Un relais portant le nom d’ Hermoniacum figure sur les tables de Peutinger, mais cette localisation n’est pas partagée par tous, certains considèrent que Hermoniacum c’est Bermerain , Village voisin de Vendegies. On peut remarquer que ces dénominations se ressemblent beaucoup phonétiquement: Hermoniacum, herménage, Bermerain. Une voie, un diverticule, qui n’est sans doute pas antique mais Romain reliait (et relie toujours) Famars à Bermerain , il coupe la chaussée Brunehaut au lieu-dit le Calvaire. Nul ne peut douter qu’il s’agissait d’une voie reliant la cité gallo-romaine de Fanum Martis au poste militaire Hermoniacum.
Ci-dessous une photo de ce diverticule prise au lieu-dit l’ Oliette . Le Rogneau affluent de l’ Ecaillon passe sous cette voie au niveau de l’ Oratoire que l’on aperçoit au milieu de la photo.
La chaussée Brunehaut ne devient la D114 vers Cambrai qu’à la sortie de Vendegies , au niveau de l’embranchement avec la D85 reliant Vendegies à Bermerain. En direction de Bavay il n’en reste que des sections qui servent de dessertes agricoles.
Ci-dessous des promeneurs empruntant la chaussée Brunehaut Bavay-Cambrai .Ces chaussées rectilignes venant d’un horizon pour rejoindre un autre ont certainement été la source de crainte du surnaturel de la part de nos ancêtres paysans. !
7°) Proposition de promenade (5km)
Point de départ : Le parking du cimetière situé dans la descente de la D 958 (rue de Valenciennes). Descendre à pied vers la première intersection en prenant garde à la circulation automobile très dense. Emprunter pendant quelques dizaines de mètres la rue du vieux chemin puis tourner à gauche rue des billes, le chemin qui conduit au menhir se trouve à une cinquantaine de mètres sur la droite.
Source Plan du Géoportail de l’ IGN
Après la prise de quelques photos revenez sur vos pas et empruntez un chemin herbagé, clôturé, situé entre les pâtures, les vaches viendront vous saluer.
Le chemin vous conduira directement à la D85, (Rue de Sommaing ) . Prenez à Gauche direction de l’église , traversez avec prudence la D958 .La brasserie Bisiau-Rombaut se trouve sur votre gauche en montant, allez admirer la fenêtre sculptée puis redescendez jusqu’ au carrefour en face de l’église .Prenez la direction Bermerain,
Au cimetière militaire tournez à gauche et vous emprunterez une chaussée du néolithique en réalisant peut-être que vous empruntez une chaussée déjà parcourue par des hommes préhistoriques, puis des Celtes (que Jules César appelait Gaulois), puis des légions romaines. Vous mettrez peut-être vos pieds dans les pas de César se dirigeant vers Bavay et Famars pour les occuper après de terribles combats . (Le controversé Jacques de Guyse dans son histoire du Hainaut disserte beaucoup sur cette campagne)
Empruntez la chaussée pendant 800m et prenez à gauche la rue du Roniau qui vous ramènera en bas de la rue de Valenciennes. En tournant à droite vous retrouverez le parking du cimetière.
Ceci n’est qu’une proposition de balade, vous pouvez vous promener dans Vendegies , des panneaux récents comme celui de la photo ci-dessous mis en place par la Communauté de Communes du Pays Solesmois vous apporteront beaucoup d’autres informations.
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Ces quelques photos, anecdotes, légendes devraient vous inciter à découvrir ce village du Hainaut si proche de Valenciennes mais que beaucoup ne connaissent pas.
À bientôt pour la découverte d’autres villages du Hainaut.
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Pour les autres photos et illustrations: les sources sont citées.
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Autres sources Site Persée.
Extrait de bulletins de la sté préhistorique de France
Année 1921 Communication de M. Desailly; « Les chaussées romaines de Bavay n’ont -elles pas une origine préhistorique« .
Année 1922 Communication de M. Desailly: « Notes sur quelques monuments Mégalithiques de la région Nord«
-1-Rombies-et-Marchipont
Commentaires » 4Localisation géographique
La commune de Rombies-et-Marchipont se trouve à moins de 10 km à l’ Est de Valenciennes.
Un peu d’Histoire
Site habité bien avant l’occupation Romaine, le nom du village de Rombies serait d’origine Germanique (Krumpis baki) et signifierait : « ferme établie près du ruisseau des bœufs ».
Rombies et Marchipont étaient jusqu’en 1806 deux villages situés de part et d’autre de la rivière Aunelle. Rombies se trouvait en France, par contre Marchipont, à quelques kilomètres de là en aval sur l’Aunelle se trouvait en Belgique territoire Autrichien.
Quelques habitations de Marchipont, dont l’église Saint Nicolas réédifiée en 1717, se trouvaient sur la rive gauche de l’Aunelle. Napoléon comprit le coté stratégique de rattacher ces quelques habitations et surtout le pont sur l’Aunelle à la France.
Ce hameau de Marchipont fait partie de la commune de Rombies depuis cette époque.
A noter que l’ Aunelle devient l’ Honnelle sur son parcours Belge.
Blason de Rombies
Le blason de Rombies-Marchipont est celui des armoiries de la famille de Sepmeries qui possédait la seigneurie au XVII ème siècle.
Mais pour que les deux villages ne possèdent pas le même blason celui-ci a été adapté. : Les étoiles ne possèdent que 5 branches (rais) sur celui de Rombies-Marchipont.
À gauche Sepmeries, à droite Rombies-Marchipont
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Édifices remarquables
1°)La commune possède deux églises
-L’ église Saint Rémy du village de Rombies date des environs de 1152, elle est représentée sur les gouaches d’Adrien de Montigny (1599).
Plusieurs fois détruite l’église fût reconstruite au même endroit en 1617 puis en 1847. Le clocher de cette époque fût remplacé par la tour actuelle en 1876.
-L’église Saint Nicolas du hameau de Marchipont qui porte la date de sa reconstruction (1718) bien apparente.
Elle fût restaurée en 1718 puis dernièrement en 2010. La municipalité et le CHARM (Cercle Historique et Archéologique de Rombies-et-Marchipont) ont à cœur de mettre en valeur cet élément du patrimoine qui se trouvait être une étape sur le chemin de Compostelle reliant Mons (B) à Valenciennes.
Une statue récemment rénovée et un tableau représentant Saint Jacques de Compostelle accréditent cette assertion.
Ci-dessous la statue de Saint Jacques qui a retrouvé ses couleurs après une restauration compliquée qui consistait à supprimer les multiples couches de vernis brun , d’encaustique et de patine.
Ci-dessous le tableau, représentant St Jacques, qui a subit malheureusement quelques dégradations lors de la restauration de l’église.
On distingue sur les épaules du Saint les coquilles qui retiennent, en guise de fibule ou de broche, les pans du manteau. Le blason en haut à droite du tableau serait Autrichien.
Le Saint dans ces deux représentations tient à son coté l’inévitable bâton de pèlerin.
Autre fait qui confirme l’existence d’un chemin de Compostelle passant par Rombies-Marchipont est la présence de la chapelle dite de la Maladrerie.
Petit rappel : Les Maladreries, ancêtres de nos hôpitaux, étaient des lieux de soins dispensés par les moines Hospitaliers, à ne pas confondre avec les moines Templiers qui eux avaient pour mission de protéger les pèlerins sur les chemins de pèlerinage : Jérusalem, Saint Jacques de Galice (Compostelle), Rome et Mont Saint Michel. Les maladreries étaient surtout les lieux de soins des maladies (lèpre principalement) contractées par les pèlerins et les croisés sur les routes d’Orient.
Les pèlerins, les templiers, trouvaient l’Hospitalité dans les Hospitaux, dans les commanderies ou dans les censes templières.
A noter que les biens des templiers ont été cédés aux Hospitaliers lors de la dissolution de leur ordre par le roi Philippe le Bel en 1307 …. mais c’est une autre histoire. Pour en savoir un peu plus sur la présence des templiers dans le Valenciennois Cliquez ici
Quelques vitraux de l’église Saint Nicolas. Les plus récents datent du début du XXème siècle
2°) Le pont sur l’Aunelle à Marchipont.
Régulièrement détruit, reconstruit, lors de chaque conflit ce pont frontalier a vu passer à toutes les époques des armées, des pèlerins, des templiers, et maintenant des randonneurs. En septembre 1709 lors de la bataille de Malplaquet il avait été détruit par les Français confrontés aux troupes anglo-autrichiennes et Hollandaises.
À noter que le panneau est Belge et qu’il signale que l’on entre à Marchipont (en quittant Rombies-Marchipont Française).
Honnelles est depuis 1976 une communauté de 10 communes Belges traversée par deux rivières, la grande et la petite Honnelle.( d’où le pluriel en S )
3°) L’aubette de la douane
Près de l’église subsiste une petite bâtisse c’est L’aubette de la douane Française qui a été désaffectée en 1965 avec l’ouverture du Marché commun.
4°) Le Moulin de la vallée
Ancienne propriété des moines de Crespin le moulin existait déjà au XII ème siècle. En 1779 la famille Preud’homme relève le moulin de ses ruines et continue à moudre le blé pendant deux siècles.
Cliquez ici pour connaitre l’histoire du moulin et de sa restauration (site de l’ A.R.A.M)
En juillet 1997 le Moulin de la vallée a servi de décors à un téléfilm « Le Roi en son Moulin » avec l’acteur Jean Marc Thibaud. Quelques photos du tournage se trouvent sur le site de l’Association Régionale des Amis des Moulins : Cliquez ici
Autre anecdote :
En 1796 le bandit Moneuse et sa bande de « chauffeurs » attaque le moulin de nuit mais se contente d’emporter des victuailles après avoir « chauffé » les pieds de la meunière et menacé les occupants. (Source: Cercle historique et archéologique de Rombies-et-Marchipont).
Source du document : cliquez ici
Document tombé dans le domaine public >100ans (supplément du « petit journal ») [Public domain or Public domain], via Wikimedia Commons.
En cliquant ici :vous aurez le récit d’un témoin d’une autre agression de Moneuse.
5°) La Mairie et la place de Rombies et Marchipont.
La mairie, façade de pierre blanche, occupe l’ancienne école depuis 1925.
6°) Les promenades
Cliquez ici pour prendre connaissance du circuit « Les chapelles de Rombies-et-Marchipont. »(Document édité par le conseil général du département du Nord)
Vous y découvrirez
-La chapelle de la Maladrerie (voir photo plus haut dans l’article).
-La chapelle de l’Ecape (XVIème siècle, reconstruite à plusieurs reprises)
Au cours de la promenade vous découvrirez également:
-La chapelle Saint Rémy
-La chapelle Saint Roch
-La chapelle Notre Dame de Bonsecours (appelée chapelle de bois).
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Ces quelques photos et anecdotes devraient vous inciter à découvrir ce village du Hainaut si proche de Valenciennes mais que certains ne connaissent pas.
À bientôt pour la découverte d’autres villages.
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Info « La Voix du Nord » du 23 Août 2014 :
Samedi 20 Septembre 2014 , inauguration du premier tronçon du chemin des Templiers vers Saint-Jacques-de-Compostelle entre Marchipont et Saint-Saulve, avec marche inaugurale de 10 km.
Article de la Voix du Nord : Cliquez ici
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